Hausse du nombre de squatteurs aux Etats-Unis
Lundi 19 Mai 2008
Ils s'introduisent, chaque nuit, par la fenêtre cassée au premier étage d'une maison familiale, 827 Main Street, pour dormir dans un lit moisi. Il s'agit là d'une nouvelle génération de squatteurs enhardis par la crise des saisies immobilières aux Etats-Unis.
Lorsqu'il pénètre dans la maison à Brockton, Massachussetts, Marc Charney, agent immobilier, expert en saisies immobilières, allume une lampe électrique en direction d'un matelas sur lequel des sans-abris dorment chaque nuit et déclare:"Pour les squatteurs, les propriétés saisies comme celle-ci sont des endroits où camper sans payer"
Avec la hausse des saisies immobilières, le nombre de squatteurs se multiplie aux Etats-Unis. De plus en plus de mandats d'expulsion sont administrés, et certaines propriétés sur le marché mettent des mois avant d'être vendues, ce qui affecte encore plus la crise du logement aux Etats-Unis -la pire en 25 ans- et force les agents immobiliers à faire appel aux forces de l'ordre et à la justice pour pouvoir vendre les propriétés.
Dans certaines régions, squatter prend d'autres tournures avec des arnaques immobilieres où des escrocs louent des maisons abandonnées qui ne leur appartiennent pas. D'autres escroqueries impliquent des "squatteurs professionnels" qui vont de maisons abandonnées en maisons abandonnées, prétendant être les locataires des lieux, et attendent que les banques leur donnent de l'argent pour quitter les lieux'-- un procédé que les agents immobiliers connaissent sous le nom de "cash for key".
Certains s'installent dans des propriétés saisies et savent parfaitement qui contacter et dire: "si vous voulez cette maison, il va falloir payer, déclare détective Erin Camphouse, de l'Unité des Fraudes Immobilières de la Police de Los Angeles.
Cela coûte moins cher aux banques d'agir ainsi que d'aller devant les tribunaux" ajouta-t-elle. "Les squatteurs sont de plus en plus sophistiqués et prennent les banques, à qui ces propriétés appartiennent, pour cible".
Elle cite un autre cas où un homme résidant à Los Angeles, avait recemment loué à bail trois maisons abandonnées à des personnes sans méfiance par le biais de Craig's List, une entreprise publicitaire classifiée sur internet .
Dans un cas, il y avait des travaux inexpliqués à faire dans la maison. Alors, au lieu de payer un loyer, les personnes qui ont décidé d'habiter dans la propriété, ont proposé de réaménager la propriété. Ils ont poser de la moquette, des carreaux et autres. Et ce n'est que lorsque le shériff a affiché un mandat sur la porte qu'ils ont réalisé ce qu'il se passait.
Bill Flagg, agent immobilier dans le New Jersey, poursuit un différent combat légal contre les occupants d'une propriété saisie, à Plainfield, ville de 47 829 habitants, qui refusent de quitter les lieux.
Tout le monde sait que ce sont des squatteurs. La police est venue. L'électricité a été coupée mais la police ne peut pas les expulser. Notre seul recours pour les faire s'en aller est de les traîner en justice. Le problème est qu' ils déclarent être locataires de la maison", déclare Bill Flagg.
On rencontre de plus en plus de cas comme celui-ci, où les squatteurs se font passer pour les locataires, déclare Bill Collins, président de l'association nationale des agents immobiliers du New Jersey.
"Ces personnes prétendent avoir perdu leur contrat de bail. Et étant donné que le propriétaire des lieux a été expulsé ou bien que la propriété a été saisie, ils ne prennent pas la peine de vérifier s'ils sont bien les locataires des lieux.
"Donc, vous avez des squatteurs qui prétendent être les locataires et qui, par conséquent, ont le droit de rester dans la propriété, jusqu'à ce que nous fassions appel à la justice pour les faire expulser.
"Ils savent à présent que la plupart des banques pratiquent le "cash for key", c'est-à-dire qu'elles donnent de l'argent aux squatteurs pour qu'ils s'en aillent-- entre 1000 et 1500 dollars (soit entre 635 et 655 Euros). Alors voilà ce qu'il se passe, le squatteur s'introduit dans une propriété, s'y installe, déclare être le locataire, va en justice et y déclare à nouveau être le locataire.
"Qui peut prouver le contraire?
Steve Smallson, agent immobilier, en Californie, a déclaré avoir affaire à environ trois cas de squattage par mois, contre aucun l'année dernière, dans sa région, Woodland Hills, un district de classe moyenne. Par exemple, en avril, il y a eu un cas impliquant une maison saisie valant 1 million de dollars (soit environ 636 000 Euros). Les voisins ont appelé la police leur signalant que des squatteurs tournaient un film pornographique dans la propriété.
Certains états sont plus touchés par ce problème du à l'économie fléchissante, qui affecte les sans-abris aux Etats-unis, avec 744 000 dormant dehors chaque nuit, selon the National Alliance to End Homelessness (alliance nationale pour les sans abris), une organisation située à Washington.
A cause de la crise des saisies immobilières, de nombreuses propriétés restent, là, inhabitées , et par conséquent le nombre de squatteurs augmente" déclare Steve Berg, un des vices président à l'Alliance.
(Article de Jason Szep; Edité par Eddie Evans)